BONNE ANNÈE 2023 ?
Maryse WOLINSKI
La romancière et journaliste Maryse Wolinski, veuve du dessinateur Georges Wolinski, est décédée jeudi 9 décembre 2021 à l'âge de 78 ans. Cette femme engagée avait publié de nombreux romans et essais. Elle avait également écrit trois livres poignants consacrés à son mari publiés aux éditions du Seuil : « Chérie, je vais à Charlie » (2016), « Le goût de la belle vie » (2018), et « Au risque de la vie » (2020).
Maryse et Georges Wolinski ont partagé 47 ans de vie ensemble. Une belle histoire qui a pris fin brutalement le 7 janvier 2015 lorsque les dessinateurs de Charlie Hebdo sont assassinés par les frères Kouachi.
Depuis, il lui a fallu apprendre à vivre sans son compagnon et avec des questions sans réponse comme elle l'a écrit il y a quelques mois dans le journal satirique : "On mettra à jour certaines questions. Je sais qu'on ne va pas répondre à la mienne, mais je voudrais quand même la poser : pourquoi a-t-on arrêté la surveillance ? C'est mon obsession. J'aimerai ne plus l'avoir dans ma vie. J'en ai assez, j'ai envie de la vérité."
En 2015, après le choc de ces assassinats, toute la population criait d’une seule voix « nous sommes tous Charlie ». Maryse est morte ce jeudi dans le silence assourdissant des bonnes consciences. Casée dans un entrefilet de journal comme un fait divers anodin, elle n’aura pas droit aux louanges racoleurs des politiques, ni aux pompes funèbres républicaines qui entourent les vedettes du show-bise spécialisées dans l'évasion fiscale.
Le Château et le domaine de Grignon ..... à vendre à des entrepreneurs immobiliers
Le Château et le domaine de Grignon où la France forme ses agronomes depuis le XIXe siècle, à vendre pour installer des centaines de logements.
Un château du XVIIe siècle, 260 hectares de forêts et de pâtures, une ferme expérimentale de renom et des étudiants agronomes depuis 1828 et l’ouverture de l’Institution royale agronomique, devenu depuis, en 2007, AgroParisTech. C’est toute cette richesse, écologique, historique et scientifique que l’État a décidé de vendre à un promoteur immobilier à Thiverval-Grignon, une petite commune des Yvelines.
Mercredi 11 août 2021, on apprenait que l’État avait décidé de vendre le vaste domaine de Grignon au groupe Altarea malgré les vives protestations des élus locaux, des chercheurs et étudiants liés au domaine, ainsi que des écologistes.
Près de 200 ans après sa naissance, l’histoire agronomique du domaine de Grignon dure encore, puisqu’AgroParisTech et ses ingénieurs agronomes d’excellence y sont toujours installés, mais en sursis avant leur déménagement vers le plateau de Saclay, qui regroupe plusieurs écoles d'ingénieurs. Face à la perspective de la privatisation du domaine, des étudiants et chercheurs réunis dans l'association Patrimoine AgroParisTech-Grignon 2000 se mobilisent pour promouvoir un contre-projet de création d’un « centre international dédié à l’agriculture, l’alimentation et l’environnement ».
Aucune consultation des étudiants et des enseignants
Dans ce projet alternatif, on trouve des laboratoires et des accélérateurs de start-up autour des questions liées à l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, et une ouverture au public du domaine de 300 hectares. Loin d’une utopie, la proposition intègre des infrastructures rentables pour assurer l’équilibre financier du lieu. La communauté de communes Cœur d'Yvelines, et en premier lieu la maire de Thiverval-Grignon, Nadine Gohard, a même décidé de soutenir ce projet.
En 2015, le collectif s’était déjà mobilisé contre la vente du domaine alors estimé à 35 millions d’euros au Paris Saint-Germain (PSG) pour en faire son nouveau centre d’entraînement, avec plus d’une dizaine de terrains de football. L’émir du Qatar en personne, qui possède le PSG via son fonds souverain, était venu visiter les lieux. Mais le club parisien a finalement choisi le site de Poissy pour remplacer le Camp des Loges de Saint-Germain-en-Laye.
L’État n’a pas abandonné pour autant l’idée de vendre Grignon, et en mars 2020 un appel à projets a été lancé, et donc remporté, par le promoteur Altarea. Rien n’a pu l’empêcher, pas même l’occupation du lieu au printemps par des étudiants, regrettant « l’absence totale de consultation des étudiants, des chercheurs et professeurs, du personnel AgroParisTech et des habitants de Thiverval-Grignon quant au rachat du site ». La tribune de 170 scientifiques dont le climatologue Jean Jouzel en mai dernier pour défendre un « bien commun de l’agroécologie et de l’environnement » n’a pas non plus fait pencher la balance.
Soutiens de poids et recours administratif
Pour répondre aux critiques, le groupe, qui construit surtout des centres commerciaux et des hôtels de luxe, se dit « porteur d'un projet respectueux de l'environnement naturel et du patrimoine du site et de son bâti ». À Grignon, il souhaite installer des centaines de logement, y compris dans de « nouvelles constructions », tout en promettant de protéger la biodiversité.
Fin de bataille pour Grignon ? Pas forcément. Ulcérés, les élus locaux font des pieds et des mains pour mobiliser sur le sujet. La maire de Thiverval-Grignon évoque le soutien du président du Sénat, Gérard Larcher, par ailleurs sénateur des Yvelines. « L’État nie la compétence des collectivités territoriales à gérer le développement de leur territoire et préfère détruire deux siècles d’histoire et d’actifs scientifiques d’une valeur inestimable au profit d’un promoteur qui saura faire son métier : acheter du foncier à un prix dérisoire et le vendre par lot au prix fort », déplore de son côté l’association Grignon 2000 qui regroupe les anciens élèves d'AgroPariTech et qui « réfléchit à un recours devant le tribunal administratif ».
Dès l’annonce de la vente, de nombreux élus écologistes, dont Julien Bayou, le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, sont venus grossir les rangs des opposants au projet. De quoi convaincre le gouvernement, dont le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, a étudié à Grignon ? Cela dépendra probablement du niveau de mobilisation sur le sujet…
Note : Cela rappel le projet de vente de l’Hôtel de la Marine (Place de la Concorde - Paris) à un fond d'investissement américain qui avait l'intention de le transformer en hôtel. Devant les très nombreuses protestations, le projet a échoué. L’Hôtel de la Marine est devenu le garde meuble du mobilier national, musée visitable par le public.
PETITION SUR CHANGE.ORG
https://www.change.org/o/collectif_pour_le_futur_du_site_de_grignon
Dries Depoorter - The Flemish Scrollers
Des politiciens surveillés par des caméras de reconnaissance faciale et intelligence artificielle pour traquer la moindre distraction.
The Flemish Scrollers (“Les scrolleurs flamands”) est un projet signé de l’artiste belge Dries Depoorter, lancé lundi 5 juillet 2021 en ligne, et qui analyse en direct le flux des réunions du Parlement flamand sur YouTube, en quête des politiciens “distraits” par les réseaux sociaux.
Ce “service public divertissant” est pour l’artiste une manière de critiquer les “dangers de la reconnaissance faciale”, explique-t-il au média américain, qui attend impatiemment que l’artiste ouvre le code du programme pour le voir appliqué aux sessions du Congrès américain.
The Flemish Scrollers ressemblent “beaucoup au programme Rekognition d’Amazon”, qui accuse un taux d’erreur de près de 35 % pour les femmes à la peau foncée notamment. Une ressemblance pas vraiment fortuite. L’artiste Dries Depoorter “rappelle les innombrables abus de la police, qui se trompe dans l’identification des suspects en ayant recours aux caméras des smartphones, aux interphones, aux publications des réseaux sociaux et aux caméras de surveillance”.
Retourner les outils de la reconnaissance faciale contre les hommes politiques “pourrait aider à limiter ses conséquences dévastatrices et motiver les législateurs à agir”, explique le site. Pour le moment, c’est aux Flamands de “demander à [leurs] représentants de faire leur travail” sur le fil Twitter du projet.
ART-GENT ......
L’hommage à Johnny Hallyday se transforme en histoire à dormir debout..... Quelle idée, pour célébrer l’idole des jeunes, de s’adresser à un artiste d’A.C.comme Bertrand Lavier, l’homme qui met un frigo sur un coffre-fort ! Notre conceptuel national projette de percher une vraie moto, une Harley, sur un manche géant de guitare, devant l’Accor Aréna de Paris. Fureur des écolos qui y voient une apologie de la pollution et du machisme réunis. Personne ne parle de la pollution visuelle par un kitsch pétaradant. Comment le nom de Lavier est-il sorti du chapeau, où sont les appels d’offre, les concours républicains ? Mystère.
Par ailleurs, sur quels critères seront choisis les heureux bénéficiaires des grandes commandes relançant la création après le Covid ? D’où sort le comité ad hoc de 9 « professionnels », réunis sous la houlette de B. Blistène, pour la distribution de la manne financière, soit trente millions d’euros d’argent public ?
Marcel Broodthaers - Post-Duchamp
Le recyclage des "Arts incohérents" par l'Art Contemporain -
Une malle, avec à l’intérieur 17 œuvres des tumultueux « Arts incohérents », vient d’être découverte chez des particuliers. De quoi remettre en lumière ce contre-salon qui défraya la chronique à la fin du XIXème siècle, injustement oublié aujourd’hui. On estime qu’en une dizaine d’années, celui-ci produisit un millier d’œuvres mais aucune œuvre originale n’avait survécu…jusqu’ici ! Le contenu de la malle convaincra ceux qui croyaient que les monochromes bleus d’Yves Klein ou les peintures blanches de Ryman n’étaient que redites du carré blanc sur fond blanc de Malevitch de 1918 : nenni, car revoilà une huile sur toile, carrée, noire, datant d’octobre 1882 et signée Paul Bilhaud (1854-1933). Attention le titre de ce "premier monochrome de l'histoire" (conservé) n’est pas politiquement correct : "Combat de nègres, pendant la nuit ». On savait qu’Alphonse Allais, autre « artiste monochroïdal » autoproclamé, avait exposé lui aussi en 1882 un sobre bristol blanc : « Première communion de jeunes filles chlorotiques par un temps de neige ». Certes on n’a pas (encore) retrouvé les balles de revolver tirées par Charles Angrand sur sa toile « Paysage financier », mais c’était déjà un happening et une trouvaille verbale. Le cheval vivant exposé en 1889 a rendu l’âme depuis longtemps mais c’était déjà une installation (le maître de l’Arte Povera, Kounellis, qui en 1969 exposa douze chevaux vivants à Rome, n’est qu’un suiveur ). La « Terre cuite » (pomme de) d’Allais, les tableaux en pain, (des « croûtes » bien sûr), ont disparus eux-aussi mais c’était déjà du « eat-art » sans en porter le nom. Et c’est bien là le problème, la « faute » originelle des Arts incohérents : ils n’ont pas théorisé leurs découvertes ! Mais ce qui ne s’appelait pas encore « monochrome », « ready-made », « assemblage », etc. a bel été inventé de 1882 à 1893 par Toulouse-Lautrec, Caran d’Ache et autres joyeux drilles réunis autour de Jules Lévy pour conjuguer satire et gala de bienfaisance. Ils parodiaient le Salon officiel mais refusaient la sélection comme le sérieux, héritiers d’une longue tradition occidentale de carnaval et de chahut : c’était pour rire ! Or les pitreries Incohérentes lassèrent vite par leur répétitivité et J. Lévy saborda son mouvement. Les Arts incohérents ne firent donc, officiellement, pas école et c’est bien ce que leur reprochent les théoriciens de l’AC, qui, eux, en tirèrent la leçon : pour durer, la blague doit être prise au sérieux ; elle peut, doit même, intimider le spectateur par un « discours », un appareillage de concepts légitimateurs … Ainsi l’AC, qui recycla sans le dire les inventions des Incohérents, réussit à s’imposer et dure encore. Connu des dadaïstes et des surréalistes, le grand public oublia ce contre-salon, malgré les travaux d’historiens et une exposition-dossier du Musée d’Orsay en 1992. Le groupe « Présence Panchounette » avait alors reconstitué les œuvres défuntes mais l’affaire fut assez peu médiatisée car, longtemps, les Arts incohérents furent l’inavouable « origine du monde » de l’art dit contemporain, qui prend un coup de vieux : pensez, 140 ans ! Oui, la Joconde à moustache de Duchamp en 1919 avait une grand-mère : la Mona Lisa de Sapeck fumant une pipe dès 1887 ! L’étoile de Duchamp pâlit : il n’est pas le génial inventeur de cet « objet élevé au rang d'œuvre d'art par un artiste » mais seulement de sa dénomination, le « ready-made ». D’ailleurs la fameuse malle en recèle déjà un, d’Alphonse Allais : un rideau de fiacre vert moiré suspendu à un cylindre en bois, légendé," Des souteneurs encore dans la force de l'âge et le ventre dans l'herbe boivent de l'absinthe". Ces récentes découvertes seront vendues aux enchères : le musée d’Orsay (qui est venu voir, dit-on) va-t-il acheter et, si oui, comment la malle sera-t-elle présentée ? Comme la preuve du tour de passe–passe accompli par l’AC, celui du non-conformisme devenu conformisme, ou comme une première tentative, maladroite, d’un art de la transgression qui sut renier bonne humeur et gratuité « immatures » pour s’imposer comme un art officiel et financier ? Christine Sourgins |
LUSTED MEN PROJECT SPACE - 2021
« Où sont les photographies érotiques d’hommes ? » Cette question ouvre le manifeste de Lusted Men. La réponse devrait être évidente, et pourtant il est difficile de pointer ces images du doigt. Loin de souligner une simple négligence partagée vis-à-vis de ces représentations, elle met en lumière un refus bien réel de montrer une érotisation du corps masculin**. C’est le constat de ce vide qui propulse le projet. « Ces images existent, elles sont même nombreuses, mais elles restent souvent cachées dans les tiroirs ou les imaginaires, explique le collectif, car l’érotisme est un champ principalement associé à la féminité. La culture visuelle a en effet appris aux femmes à se mettre en valeur, à se laisser observer et à se dévoiler face caméra ». Lusted Men a lancé une collecte massive de ces images, ouverte à toutes et tous, et a recueilli déjà plus de 230 propositions, et plus de 1000 photos. Longtemps attendu, cet appel à contributions amorce une nouvelle archive visuelle de l’intimité contemporaine. C’est une page qui se tourne enfin dans la représentation du corps masculin.
« À une époque où on est tous capables de capturer des images, qui sommes-nous pour dire ce qu’est une bonne photographie érotique ? », déclare Laura Lafon, photographe et iconographe, membre du collectif. Une fois le gouffre de ce manque de représentation découvert, le besoin de montrer cette façade devient indéniable. C’est avec surprise qu’on prend connaissance du projet de Lusted Men, mais c’est avec grande conviction qu’on y adhère. Sujet jusque-là ancré dans l’histoire de la photographie homoérotique avec George Platt Lynes ou encore Robert Mapplethorpe, ce sont en majorité des femmes qui participent à la collecte de Lusted Men : une preuve de la résurgence d’un female gaze.
Projet à la fois artistique et militant, la collecte photographique devient une pratique à portée sociologique. Invité.e.s à répondre à un questionnaire, chaque participant.e évoque son rapport à l’érotisme masculin. Allant du nu réalisé en studio, à la spontanéité du selfie post-coïtal, la quantité seule suffit pour reconnaître le besoin débordant de montrer ces images. « Il faut cesser de penser le désir comme unilatéral et asymétrique, entre le masculin actif et le féminin passif. Tant qu’il y aura des corps, il y aura de l’érotisme à les regarder. L’érotisme n’a pas de genre », raconte une participante : la photographe Chloé Sassi. Un autre, le photographe Arthur Hervé se souvient : « Après avoir pris quelques photos de ma concubine, nous avons inversé les rôles. Je me déshabille, elle passe de l’autre côté de l’appareil photo. Full débrayage. Empirique, instant improvisé, extatique ». À la voix des professionnel.le.s s’ajoutent celles des amateur.trice.s, comme Marie Tchou : « Le regard que l’on porte sur un corps qu’on aime est forcément transcendantal. C’est aussi une manière de figer un moment de désir ». Et ce désir, les photographes le saisissent au vol, avec passion – aussi bien dans l’intimité d’une chambre, que lors d’escapades en pleine nature.
https://www.fisheyemagazine.fr/decouvertes/actu/ou-sont-les-hommes-nus/
**Le plus caricatural de ce manque sont les clips de rap : danseuses se déhanchant dans des poses suggestives dans des mini-tenues et rappeurs habillés à l'extréme avec doudoune et capuche avec une gestuelle guerriére pour bien affirmer leur virilité ....... très loin de l'esthétique androgyne de David Bowie.
La photographie déclassée au ministère de la Culture
La photographie déclassée au ministère de la Culture – janvier 2021
C’est un coup dur pour le monde de la photographie et de l’image, qui a fait peu de bruit et qui n’augure hélas pas du meilleur à l’avenir. On vient en effet d’apprendre que le 31 décembre dernier, un décret publié dans le Journal officiel précisait une réorganisation au sein du ministère de la Culture, déclassant la photographie en tant que « bureau ». Soit une sous-catégorie et non plus un département à lui seul comme elle l’était jusqu’à présent, au même titre que la danse, la littérature, le cinéma, la musique ou le théâtre. L’image et la photographie avaient longtemps attendu d’être classées en tant que domaine, plus de cinq ans depuis que cette initiative avait été lancée par Frédéric Mitterrand quand il était ministre de la Culture. C’était Françoise Nyssen qui avait alors officialisé la chose. En vain, puisque le ministère actuel vient de déclasser la photographie.
Le bruit courait depuis quelque temps déjà, au point que photographes et agences avaient publié des tribunes dans les journaux et les réseaux sociaux, alerté les pouvoirs publics sur leur situation précaire et leur statut particulier. Ce rétropédalage voudrait alors signifier que la photographie n’est pas considérée au rang d’art, ce qu’elle est pourtant, en témoignent si besoin en était, les nombreuses expositions de photographies organisées chaque année dans les musées du monde entier ou les institutions culturelles dédiées, telle la MEP (Maison Européenne de la Photographie). Il lui reste un dernier recours pour être considérée à nouveau, même si cela prendra du temps : la création d’un Centre National de la Photographie, au même titre que le Centre National de la Cinématographie. En espérant que cela pourra voir le jour prochainement…
https://www.art-critique.com/2021/01/photographie-declassee-ministere-culture/
Note : Déja au XIXéme S, de nombreux débats virulents dénis à la photographie d'être un art puisqu'elle est obtenue par un procédé mécanique (l'appareil photo). Est-ce le retour de cette polémique ?
Voir l'ouvrage de Eléonore Challine "Une histoire contrariée. Le musée de photographie en France (1839-1945) - Edition MACULA
Ou, la photographie, lorsqu'elle n'est pas un procédé mémoriel au service de la construction d'une histoire dirigée (Ex. le statut de la photo dans les régimes de dictature), est un témoin génant et difficilement controlable (Ex. la polémique sur l'Art.24 de la Loi de sécurité globale)?
Les nouveaux censeurs ?
Déboulonnages en série...
Les affaires de déboulonnage « spontané » de statues se sont multipliées cet été, et l’article (1) de la sociologue Nathalie Heinich, paru dans la torpeur estivale, mérite d’être médité. Les aspirants déboulonneurs s’inspirent des méthodes issues de la fameuse « cancel culture », chère aux campus et aux réseaux sociaux nord-américains. Ce qu’on pourrait traduire par « culture de l’annulation » ou même « culture de la censure ». Outre-atlantique, en gros, les censeurs seraient à gauche et les anti-censeurs, à droite. Pour la sociologue la censure de ces « annulateurs », qui prétend s’exporter en France, « n’a rien de progressiste, en dépit du crédit que leur confère la légitimité de leur cause ».
En effet, aux USA, le premier amendement de la Constitution (comme le premier article de la charte canadienne des droits et libertés), fait de la liberté d’expression un « droit fondamental positif » donc a priori toute entrave à ce droit est anticonstitutionnelle. Tandis qu’en France, la liberté d’expression est encadrée par la Loi (qui bannit l’incitation à la haine, l’appel au meurtre, les discriminations sexuelles, le négationnisme...), la liberté d’expression « en Amérique du Nord ne peut guère être bridée que par la mobilisation publique ». Et quand la Loi ne régit rien, c’est le citoyen qui s’en charge « au risque de l’arbitraire d’une guerre civile larvée » et des appels au lynchage médiatique qui, explique N. Heinich, finissent par terroriser là-bas (en attendant ici) journalistes, enseignants et chercheurs. La « cancel culture » est donc, pour elle, le fruit amer « du sous-développement juridique nord-américain ».
On pourrait objecter que le « sur-développement » juridique français (qui s’immisce jusque dans la vie privée !) peut, lui, conduire à un cauchemar orwellien où l'histoire est officiellement réécrite (voyez à Rouen le déboulonnage de la statue de Napoléon préparé par le maire). Pour la sociologue, « quelles que soit la justesse des causes défendues, l’on ne peut se contenter de condamner les « excès » de ces militants radicaux tout en suggérant que la fin justifie malgré tout les moyens ». Le risque est grand, en effet, que cette revendication de « la liberté sans limites d’interdire la parole » fasse régresser à la loi de la meute.
Christine SOURGINS
Une exposition où il est possible de voler les œuvres d’art !
Ca s’est passé à Tokyo au début de la semaine et tout ne s’est pas déroulé comme prévu. Une galerie d’art proposait en effet une exposition d’un genre tout particulier, puisqu’il était permis aux visiteurs de voler l’œuvre de leur choix. Un événement qui était prévu uniquement aux habitués de la galerie, mais qui s’est retrouvé répandu sur les réseaux sociaux. Résultat des courses, pour le jour de l’ouverture de l’événement prévu dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, plus de 200 personnes étaient déjà présentes. Tant et si bien qu’il a été décidé d’ouvrir un peu plus tôt que prévu. Les visiteurs, excités par le concept, se sont pressé dans la galerie et ont effectivement tout dévaliser. En moins de dix minutes, il ne restait plus rien dans le lieu, alors que l’exposition était censée durer au moins dix jours. Des policiers sont même intervenus sur place, pensant à un réel cambriolage en bandes organisées. Mais les organisateurs de l’événement sont parvenus à les rassurer. Tota Hasegawa, à l’origine de ce projet « d’exposition escamotable » souhaitait à la base créer une expérimentation visant à transformer la relation entre artistes et public.
Si toute l’opération s’est tout de même réalisée dans le calme même si certaines personnes étaient ravies de commettre un acte transgressif, il y a tout de même un hic que les organisateurs ont souligné : certaines des œuvres se sont retrouvées sur des sites de ventes aux enchères quelques heures à peine après avoir été dérobées. Et à des prix dépassant nettement leur valeur officielle, allant jusqu’à plus de 100 000 yens. Tant et si bien que les organisateurs ne sont pas certains de vouloir renouveler l’opération.
Sur ART CRITIQUE le 14 juillet 2020
https://www.art-critique.com/2020/07/exposition-possible-voler-oeuvres-art/
L’art contemporain est-il politique ?
L’art contemporain est-il politique ?
https://www.art-critique.com/2020/03/art-contemporain-est-il-politique-1-3/
Par Orianne Castel Publié le 6 mars 2020
1 - Le constat a été fait par de nombreux théoriciens de l’art. Alors que l’art moderne s’était constitué en activité autonome, l’art contemporain souhaite se réinscrire dans le cadre de la société. Mais, plus encore, alors que les premiers artistes post-modernes le faisaient sur le mode de la transgression, cherchant à remettre en cause le consensus moral, les artistes occidentaux d’aujourd’hui défendent les valeurs dominantes de nos systèmes démocratiques et libéraux. Ainsi, alors que les œuvres subversives avaient pour but de questionner un état de fait jamais remis en question, les « œuvres à thème » contemporaines traitent de sujets d’actualité : problématiques de classes, de race, de genre ou d’écologie. Dénonçant les inégalités passées ou se faisant l’écho de revendications égalitaires présentes, l’« artiste à sujet » n’incarne plus la provocation, il est un modèle de vertu qui dit œuvrer en faveur de l’émancipation.
Mais au-delà des notes d’intention, peut-on vraiment parler de politique pour qualifier ces œuvres à thème et artistes à sujet? Cette première tribune s’attachera à montrer l’incapacité des œuvres de ce genre à modifier les comportements. Elle sera suivie d’une deuxième qui exposera la conception réduite de la politique sur laquelle s’appuient les artistes qui les conçoivent. Enfin viendra un dernier texte visant à témoigner de la manière dont ce type d’art dépolitise l’expérience perceptive de l’œuvre. L’ensemble de ces écrits a pour objet de démontrer que l’art envisagé comme moyen de communication n’a de politique que le discours dont il s’enveloppe.
Que les artistes se sentent concernés par les situations précaires de certaines minorités ou, si l’on intègre le sujet du réchauffement climatique, de l’humanité tout entière, n’est évidemment pas un problème. Nous ne pouvons par ailleurs que nous réjouir que l’art s’ouvre à une diversité ethnique, sexuelle et genrée reflétant la réalité et portant sur elle des regards spécifiques. Mais ces considérations ne doivent pas nous interdire de garder un regard critique sur l’évolution politique du statut des œuvres. Avec la philosophe Carole Talon-Hugon, il est nécessaire d’interroger le pouvoir effectif de ces dernières de faire évoluer les comportements.
En effet, bien que l’artiste « juste » ne soit pas l’artiste « rigolard » à la mode Fluxus et qu’à ce titre il puisse mériter le qualificatif de « sérieux », il n’est pas pour autant un savant. À l’inverse des scientifiques qui révèlent les structures de domination et donnent ainsi potentiellement aux individus les moyens de les déconstruire, le constat de l’injustice ou la mise en fiction de sa réparation donnent peu de prise à l’action. S’indigner contre les faits, passés ou actuels, ne dit rien des mécanismes qui les ont rendus ou les rendent possible et ne permet donc pas de prévenir leur retour ou de stopper leur développement.
Par ailleurs, les photographies et vidéos à visée publicitaire, de divertissement ou d’information, qu’elles soient affichées sur les murs, publiées dans la presse écrite, diffusées à la télévision ou partagées sur internet, constituent l’essentiel de notre environnement perceptif. Les symboles comme les documents utilisés par les artistes ne peuvent rivaliser avec les images qui prolifèrent notamment sur les écrans. Les plateformes numériques restent bien plus visitées que les espaces d’expositions (foires, musées, centres d’art et galeries confondus).
Enfin, si l’art peut avoir cette capacité d’ébranler et de faire naître des sentiments qui seront peut-être suivis d’effet une fois sortis du white cube, la question reste posée du nombre de personnes qui s’autorisent à entrer dans cet espace immaculé. À l’exception de l’art des commandes publiques qui se déploient dans les rues des banlieues comme sur les ronds-points des campagnes et touchent donc un large public, l’art contemporain s’adresse à une infime portion de la population.
Par ailleurs, cette fraction en contact avec l’art contemporain n’est peut-être pas la moins sensible aux difficultés d’existences des minorités ni à l’urgence climatique et ce alors même que les institutions, qu’elles soient privées ou publiques, suivent des logiques de rentabilité économique (ou a minima d’équilibre) qui les incitent à prévoir des programmations en fonction de l’auditoire attendu. Certaines d’entre elles n’hésitent pas à demander aux artistes des pièces « moins militantes » pour les périodes durant lesquelles leurs lieux sont fréquentés par un public plus large qu’à l’accoutumé.
Ainsi, si nous pouvons nous réjouir de voir apparaître des artistes qui mettent fin à la surenchère de provocations et propositions chocs dont la présentation dans le cadre d’un système marchand rend caduque la dimension transgressive et si nous pouvons apprécier de voir émerger des artistes concernés par l’état du monde, le statut politique des œuvres doit être mis en perspective relativement à l’efficacité de l’art conçu comme mode de communication.
la suite sur :
https://www.art-critique.com/2020/04/lart-contemporain-est-il-politique-2-3/
https://www.art-critique.com/2020/05/lart-contemporain-est-il-politique-3-3/
Qu'est-ce que l'art contemporain ?
L'art contemporain comme question philosophique : un essai sur les relations entre art et politique et sur la manière dont la prétendue radicalité de l'art contemporain apparaît comme liée voire assujetti à l'idéologie libérale actuelle, à l'encontre de la possibilité de tout changement social effectif.
Il est difficile de concevoir un art qui soit aussi étroitement lié à son présent que ne l'est l'art contemporain. En effet, l'art contemporain est issu d'une rupture inouïe avec les pratiques artistiques du passé. Il semble prendre son point de départ dans une profonde amnésie par rapport à ce qui le précède. Les distinctions esthétiques traditionnelles, entre forme et contenu, autonomie et hétéronomie, ou oeuvre et critique, ne sont plus pertinentes quand il s'agit de cet art.
Mais qu'est-ce alors que l'art contemporain ? Cette question a pu être posée par l'historien, le théoricien, voire le sociologue de l'art. Mais elle n'a pas encore été soulevée comme question philosophique – comme question qui cherche à établir l'essence de l'art contemporain. La réponse donnée, dans ce livre, à ladite question est double. D'une part, elle est positive: dans son essence, l'art contemporain est la fiction d'un pur faire. D'autre part, elle est négative : l'art contemporain est le site où se révèle comme nulle part ailleurs l'idéologie politique du capitalisme néolibéral.
concours photographique et exposition sur le thème de la censure dans les médias.
LA GALERIE 8CO 119
Appel à candidature
Nous collaborons avec Foto Femme United (FFU) pour lancer leur tout premier concours photographique, et exposition sur le thème de la censure dans les médias. L’exposition pop-up aura lieu du 12 au 19 mars 2020. L’appel ouvert a commencé le 30 Décembre 2019 et se termine le 15 février 2020 à minuit. Le concours est gratuit et ouvert aux personnes binaires, non-binaires, femmes cisgenres et transgenres.
SAISIR L’OCCASION D’EDUQUER
FFU affirme que la censure de l’art sur les réseaux sociaux est non seulement gênante : impitoyable tout en étant aléatoire, mais qu’elle cache une dimension plus profonde. April Wiser, fondatrice de la FFU, affirme que “des géants des réseaux sociaux comme Instagram et Facebook démontrent par exemple, à travers ces actes de censure, que la forme féminine ne peut et ne doit exister que dans un espace très restreint. Simplement parce qu’une femme est nue, cela signifie qu’elle doit être sexualisée. Ils vont même jusqu’à censurer l’activisme féministe et rendent difficile la diffusion d’une voix ou d’une plateforme. Cette exposition a été créée dans le but de fournir un espace aux photographes pour montrer leur art censuré ou interdit, ainsi que pour éduquer le public sur les injustices présentes sur les réseaux sociaux.”
CONTESTER LES STATISTIQUES
Les statistiques mondiales indiquent que les femmes représentent encore moins de la moitié des photographes exposés dans les grand musées, concours et foires photographiques tels que Paris Photo ou Les Rencontres d’Arles. “Nous n’avons pas à nous soumettre à l’industrie de la photographie. Nous pouvons démontrer que nous, les femmes photographes, sommes tout aussi qualifiées et méritons des opportunités d’exposition. Nous pouvons agir et créer nos propres concours et organiser nos propres expositions afin de nous donner mutuellement un espace visible,” déclare April Wiser, fondatrice de la FFU.
UN JURY D’HABILITATION
Le jury de l’exposition sera composé de Kinuko Esther Asano conservatrice et directrice artistique de la Galerie &CO119 , Lou Tsatsas, journaliste du Fisheye Magazine et April Wiser, fondatrice de Foto Femme United.
INFORMATIONS
EN RAISON DU CONFINEMENT LIÈ AU CORONAVIRUS L'EXPOSITION EST REPORTÈE .... A SUIVRE
Dates :
Lieu : Galerie &co119. --- 119, rue Vieille du Temple / 75003 PARIS
Site : https://8co119.co/
Pour participer c’est par ici: https://www.fotofemmeunited.com/exhibit
Les demandes de renseignements sur les partenariats sont les bienvenues, envoyez un courriel à april@fotofemmeunited.com.
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L'art de l'incruste
L'art de l'incruste
A Paris, le 23 novembre, lors de la marche contre les violences faites aux femmes, au milieu de la foule d’anonymes et de personnalités, s’agitait une artiste de 28 ans, dont l'incruste est la marque de fabrique : « Marie s'infiltre » (son pseudo et son concept) n’a pas hésité à fouetter les deux hommes dénudés, qui l’accompagnaient tenus en laisse. Ce qui suscita, comme c’est curieux, des réactions hostiles sur place et sur la Toile. Voulait-elle banaliser l'idée que « féminisme égal haine des hommes » ? Ou, comble de l’extrémisme, qu’il est temps que les femmes dominent les hommes ? « Marie s'infiltre » affiche la candeur habituelle des artistes d’AC qui, jamais au grand jamais, ne blasphèment, n’injurient ou se fichent du monde : "Non je ne me moque pas des personnes qui vivent des drames, je ne jouis pas de la méchanceté, non je ne caricature pas les femmes qui meurent sous les coups de leur conjoints. Je prends juste un sujet et je le montre différemment (…). Nous sommes dans l'ère de la moralisation extrême… ». Bref, son combat n’est pas le sort des femmes qui crèvent mais, beaucoup plus méritoire et dangereux, celuicontre l’ « uniformité des comportements », c’est pourquoi « il est important de prendre un sujet dramatique et de le détourner ". Des « Marie l’incruste » les Ecoles d’art sont en train d’en fabriquer à la tonne. Selon un article du Monde (1), ces écoles multiplient les partenariats avec les universités, Sciences-Po, le CNRS et tutti quanti pour intégrer toujours plus de sciences sociales dans leurs cursus, car (tenez-vous bien) : « les artistes ne peuvent plus vivre et créer sans comprendre le monde qui les entoure », il faut « sortir de l’art pour l’art » ajoute un directeur de centre d’art. Quoi, cela fait au moins un demi-siècle que les écoles d’art nous chantent « l’Art c’est la vie » et, aux portes de 2020, elles en seraient encore restées au XIX siècle ? Vous n’y êtes pas : la lutte des classes, la démocratie participative, le féminisme, sont des vieilles lunes devant les «questions en prise avec l’actualité » à savoir les études de genre, l’urgence écologique, les migrations, vrais sujets mais qui ont bon dos (on se souvient comment, en 2016, l’artiste Ai Weiwei s’infiltra dans la question des migrations en mimant la mort du petit Aylan (2)). La Villa Arson (3) a lancé un groupe où l’on traite du post-capitalisme, post-colonialisme, avec maintenant des cours de cyber-féminisme sic. Place à l’afro-futurisme re-sic soit « un travail d’imaginaire destiné à envisager des futurs à partir de l’histoire de cette grande marge qu’est le fait noir ». Quoi, à l’heure du post-colonialisme, on continue de coloniser les imaginaires au lieu de laisser les africains inventer, en Afrique, le futur qui leur convient ? Quant aux études de « LGBT», quelle aubaine pour y noyer les affaires de harcèlements, dont la Villa a été le théâtre, comme nombre d’écoles d’art – avec des enquêtes en cours... « Maintenant, on va tout enseigner sauf l’art » conclut, lucide, le peintre Pascal Pinaud, professeur historique de la Villa Arson. Une étudiante évacue le problème avec finesse: « Un artiste, au bout d’un moment, il l’a bien travaillée, la matière, il a assez joué avec son caca, et ça l’intéresse d’aller chercher ailleurs. Même si, forcément, les questions de féminisme, de LGBT, ça fait peur à certains. » Pardi, quand on ne sait pas tenir un pinceau, la matière c’est ringard. De quoi expliquer l’indifférence de « Marie s’infiltre » devant la chair des femmes battues : rien que de la matière, pas assez conceptuel. L’important n’est pas la rose mais le « questionnement » ! L’écologie inspire une exposition 100 % recyclée, à partir des ressources du jardin, ou d’une « récupérathèque » pour matériaux non utilisés, etc. Bravo ! Mais alors pourquoi ne pas afficher l’empreinte carbone du tas de terre exposé au Palais de Tokyo par exemple, ( ou celle des biennales, Fiac et Cie avec le taux de pollution des jets privés des collectionneurs… ) plus le coût des expositions et des subventions publiques ? A priori l’écologie a besoin d’experts, de scientifiques, puis de journalistes pour informer et de militants pour répandre les bonnes pratiques : en quoi un artiste, même sincère, serait-il plus efficace qu’un militant écolo ? Quelle intérêt, pour la société, de s’emparer d’une cause déjà équipée (comme disent les sociologues) et déjà populaire : pour enfoncer des portes ouvertes … par d’autres ? Le diable se cache dans les détails, pour le directeur des études de la Villa Arson, il faut « sortir de la figure un peu romantique de l’artiste, sans pour autant fabriquer à tout prix des artistes engagés. » Car les écoles d’art fabriquent des « incrustes », de pseudo agitateurs aptes à s’emparer de thèmes d’actualité pour en vivre médiatiquement et financièrement. Aptes aussi à polluer les débats comme « Marie s’infiltre » : embrouiller une situation compliquée, c’est pain béni pour le Pouvoir. Bizarrement, des questions brûlantes, mais qui intéressent les « vrais gens », sont évitées : avez-vous vu beaucoup d’œuvres d’AC traitant du problème des retraites ? Pour sensibiliser à la faim dans le monde (?), Cattelan à la foire de Miami propose une banane scotchée au mur à 120 000 euros…un autre artiste vient de la manger, en public et sous les caméras. Pas de préjudice selon la galerie Perrotin : il n’a pas détruit l’œuvre, ce qui compte c’est l’idée, le fruit étant remplacé régulièrement et la valeur résidant dans le certificat « d’authenticité ». Christine Sourgins (1) « Climat, genre, migrations : un vent nouveau souffle sur les écoles d’art » d’Emmanuelle Lequeux, Le Monde du 29 Novembre 2019. (2) En prenant la posture du petit noyé afin de « prendre position » sur les migrations… (3) La Villa Arson, seule institution nationale dédiée à l’art contemporain à réunir un centre d’art, une école supérieure d’art, une résidence d’artistes et une bibliothèque spécialisée. --------------------------------------------------------- |
Anna Uddenberg : le genre fantasmé
UDDENBERG Anna
L’artiste suédoise Anna Uddenberg a l’habitude de montrer certaines affres de nos sociétés : La Femme, l’Homme comme modèles obligés auquel tout individu doit se conformer impérativement pour ne pas être rejeté aux marges de la société.
À côté de ces idéaux, nos gestuelles et nos parures si travaillées soient-elles ne seront jamais que de vagues ébauches. Le genre, petit "a" Lacanien, bien formaté et inscrit de force dans les corps, les cerveaux, les coutumes, les religions et les Lois, présent jusqu'à l'obsession schizophrénique dans toutes les représentations ne cesse d'être cette limite inatteignable. En ce sens, la philosophe Judith Butler décrit précisément l’attitude de genre comme une performance perpétuelle de soi visant à atteindre un fantasme corporel, culturel et social inatteignable.
Dans ses mannequins et installations, Anna Uddenberg explore l’esthétique de la “pétasse à selfie”, éminemment désirable dans ses accoutrements, postures et accessoires, qui est mise en scène jusqu’à sa propre caricature.
Ainsi, les modèles d’Anna Uddenberg se retrouvent systématiquement dans des contorsions impossibles.
L’impossibilité physique de reproduire ces contenances renvoie certainement à l’impossibilité, pour les individus, de mimer pleinement les stéréotypes de genre véhiculés par les médias. Une manière de tourner en dérision les atours obligés du genre, tout en soulignant sa dangerosité.
Wilfrid Lupano refuse lui aussi la médaille des Arts et Lettres
Après Blanche Gardin, un nouvel artiste a lui aussi décidé de refuser la médaille des Arts et Lettres. Il s’agit de Wilfrid Lupano, scénariste de BD à l’origine des albums des Vieux Fourneaux. Une décision qui, là aussi, ne manque ni d’audace, ni de panache.
Le scénariste des "Vieux Fourneaux" ne se voyait pas être décoré "de la part d’un gouvernement qui, en tout point, lui fait honte". Comme pour Blanche Gardin, ce refus est à nouveau politique. Wilifrid Lupano s’en est expliqué dans une lettre publique adressée à Franck Riester, ministre de la Culture. En somme : pas question pour lui d’être honoré par un gouvernement dont la politique fiscale, budgétaire, migratoire, écologique et sécuritaire heurte ses convictions et ses valeurs.
https://positivr.fr/wilfrid-lupano-refuse-medaille-arts-et-lettres/
L’inaliénabilité des oeuvres d'arts ............
L’inaliénabilité, tabou ou sagesse ?
En 20 ans, à peine plus de 2 000 plaintes déposées, or la commission interministérielle en charge du dossier vient de révéler que 57 500 œuvres d’art sont manquantes dans les inventaires de l’Etat (1). Près de 10% se sont évaporées dans les musées de France, 15% dans les musées nationaux, 60% à l'étranger. Si certaines ambassades ont pu pâtir de troubles locaux, que dire de ce millier de disparitions qui a eu lieu à l'Élysée ? Or son actuel locataire vient d’aggraver l’hémorragie en décidant tout seul (sans vote à l’assemblée, ni référendum) de mettre fin à la loi d’inaliénabilité du patrimoine. C’est grâce à cette règle d’or que l’Etat ne se comporte pas comme un collectionneur vénal qui revend selon ses caprices ou les intérêts d’un lobby. C’est à l’inaliénabilité que la France doit la conservation d’une richesse culturelle particulière. Ainsi, un conservateur américain disait à un collègue français : « En Amérique nous avons des chefs-d’œuvre, mais vous, en France, vous avez les chefs-d’œuvre et leur contexte ! » A priori, M. Macron serait animé de généreuses intentions : restituer des œuvres africaines pillées du temps des colonies. Ce sujet délicat mériterait d’être approfondi mais quelques réflexions montreront le terrain glissant où notre président nous entraîne. Car « Restitution », ce mot au parfum d’équité, cache de bonnes intentions dont l’enfer est pavé. Par exemple, certaines ethnies ont migré à l’intérieur du continent africain : faut-il restituer à leur pays d’origine ou à leur pays d’arrivée ? D’autres sont établies à cheval sur le Burkina et la Côte d’Ivoire, contenter les uns risquera de mécontenter les autres. Mieux, comme nombre de musées africains, celui de Dakar possède des objets Bambara du Mali, des pièces de la Guinée, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso ou du Benin… dont l’obtention initiale peut être sujette à caution : va-t-il restituer à ses voisins ? De par le monde, chaque pays a été tour à tour, envahisseur puis occupé, pillard puis pillé. Le précédent créé par M. Macron risque d’entraîner une cascade de demandes réveillant rancœurs et antagonismes, tout en flattant le nationalisme le plus étroit ; les objets africains, aux africains ; aux chinois, les objets chinois etc. Voilà qui sonnerait le glas du musée « universel » et obligerait à vider le couteux quai Branly, payé par le contribuable (autre forme de restitution dont on ne parle jamais : les occidentaux ont aimé, protégé, étudié, réparé, exposé aux yeux de tous, ces objets). Monsieur Macron vient d’ouvrir une boite de Pandore car tout objet d’art, aujourd’hui en dehors de son pays d’origine, n’a pas forcément été pillé ou volé. Mais comment prouver un don ou un achat loyal, des siècles après ? Les preuves risquent d’avoir disparues. La sagesse voudrait qu’on s’inspire de la législation appliquée aux individus : passé un certain délai, il y a prescription ce qui participe à la paix civile. Il faudrait réfléchir à un délai pendant lequel les contestations seraient recevables (un siècle au moins) parce qu’on pourrait raisonnablement investiguer. Mais cela suppose une réflexion collective mondiale et non de décider sur un coin de bureau jupitérien. Pourquoi une telle précipitation ? Selon Didier Ryckner, de la Tribune de l’art, les 26 restitutions du 23 novembre 2018 masqueraient un vulgaire copinage : « l’une des personnes les plus actives pour demander ces « restitutions» est Marie-Cécile Zinsou, fille de Lionel Zinsou, ancien premier ministre du Bénin. Or, Lionel Zinsou et Emmanuel Macron se connaissent bien » pour avoir travaillé ensemble à la banque Rothschild. Mieux, Lionel Zinsou « a été l’un de ses soutiens de M. Macron durant la campagne présidentielle » au point que La Tribune Afrique le compte comme un des « hommes du Président ». Comme Marie-Cécile Zinsou ne fait pas mystère de l’état déplorable des musées béninois, de là à penser que les restitutions macroniennes atterrissent « sans tarder » à la Fondation Zinsou, il n’y a qu’un pas…(2) Rebaptisé « tabou » voir « fétiche » par ses détracteurs, le verrou de l’inaliénabilité a donc sauté. Ce qui ouvre des perspectives aux ambitieux marchands ou amateurs d’art : vendre la Joconde, et plus si affinité, devient possible pour combler, tant soit peu, notre dette vertigineuse. Sothby’s et Christie’s seraient ravies, les grands collectionneurs aux anges. Les tabous et fétiches ont parfois du bon, les africains ne diraient pas le contraire : ceux de l’inaliénabilité seront-ils restitués au peuple français ? Christine Sourgins (1) Toutes époques confondues, soit, sur un total de 467 000 oeuvres, près de 12%. (2) plus d’infos sur cette affaire et sur la « méthode » utilisée : un rapport demandé à deux universitaires qui ne sont spécialistes ni de l’art africain ni des musées ! https://www.latribunedelart.com/inalienabilite-et-alienabilite ARTICLE sur le blog de Chistine SOURGINS |
TAKE ME (Y'M HOURS) - Prenez-moi, je suis à vous
Du 16 septembre au 8 novembre 2015, la Monnaie de Paris présentait Take Me (I'm Yours), une exposition collective et participative ..
Vingt ans après son immense succès à la Serpentine Gallery (1995), l’exposition conçue par Christian Boltanski et Hans Ulrich Obrist, Take Me (I’m Yours) était récréée à la Monnaie de Paris. Chaque visiteur était invité, pour ne pas dire encouragé, à toucher, utiliser ou emporter avec lui les projets et les idées des artistes invités.
Dans les murs de la dernière manufacture dans le centre de Paris, l’exposition permettait de revenir sur le mythe de l’unicité de l’œuvre d’art et de questionner ses modes de production. A l’image des monnaies, les œuvres sont vouées à la dispersion. Lieu d’interaction entre les visiteurs et les artistes, cette exposition se caractérise par sa forme ouverte et évolutive avec, au moment du finissage, la disparition des œuvres due à leur dissémination totale. Au-delà des circuits économiques habituels, Take Me (I’m Yours) propose un modèle basé sur l’échange et le partage, et soulève ainsi la question de la valeur d’échange de l’art, chère à la Monnaie de Paris.
La vidéo très compléte de l'expo. :