Valérie BELIN - photographe
A l’ère du corps formaté et du visage botoxé, la photographe Valérie Belin dresse tour à tour des portraits de référence qui peuplent les magazines de papier glacé. Elle pousse l’art de l’esthétique dans ses retranchements à travers des séries où les visages et les bustes capturés sur fond noir tiennent davantage des spectres ou des robots que des êtres humains. Valérie Belin questionne la morphologie et les codes de représentations véhiculés par les médias. Les séries réalisées en couleur suite à une sélection des modèles sur catalogue d’agences de mannequins, placent le spectateur dans une situation de joueur. A lui revient le rôle de décrypter la supercherie du réel présent dans chaque visage à la beauté plastifiée. Les portraits, divisés à part égale entre masculin et féminin ignorent le spectateur de leurs yeux creux et vitreux. Des femmes aux bustes nus et immaculés et aux regards errants laissent deviner une fausse humanité, celle-là même rencontrée dans les vitrines de prêt-à-porter. L’ambivalence du mot mannequin est ici exploitée à juste titre, puisque les identités lisses et impersonnelles cèdent leur place au mannequin de plastique, comme l'aveu d’échec de notre incapacité à différencier modèle artificiel et être humain.