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arts-ticulation
1 mars 2011

ANTHROPOPHAGIE et ARTS

 Du 12 février au 15 mai 2011, « la maison rouge » organise une exposition consacrée à la question de l’anthropophagie et à ses représentations dans les arts plastiques aujourd’hui.

Cette exposition présente un corpus d’œuvres réalisées majoritairement par une jeune génération d’artistes travaillant indépendamment les uns des autres sur le concept de l’incorporation charnelle.

Les œuvres contemporaines (Photographie, vidéo, installation, sculpture, dessin et peinture) seront mis en regard avec une partie historique (ouvrages illustrés, textes enluminés, gravures et objets d’arts premiers) témoignant des évolutions et des persistances du thème de l’anthropophagie à travers les âges et les latitudes.

À l’ère du clonage, des transplantations et des mondes virtuels, et d’une intégrité du corps remise en question, les artistes de l’exposition témoignent d’un nouveau regard porté sur le corps. Leur travail procède à son éclatement et à son morcellement, le métamorphosant et le recomposant en un corps hybride, tout à la fois comestible et anthropophage.

Après une variation autour de Goya et de ses héritiers, tel Yasumasa Morimura détournant le fameux Saturne dévorant ses enfants et jouant lui-même le rôle, l’exposition explore « le corps consommé » au travers des rites sacrés et profanes. Au menu notamment, Messe pour un corps, la performance de l’ancien séminariste, Michel Journiac, dans laquelle ce représentant majeur de « l’art corporel » en France célèbre une messe en latin, puis invite l’assistance à communier avec une hostie particulière : son propre sang transformé en boudin. Patty Chang s’attaque à un stéréotype du corps féminin et l’associe littéralement à une nourriture en se présentant dans Melons avec ces fruits en guise de prothèses mammaires, qu’elle consomme dans un acte d’auto-cannibalisme, une assiette en guise d’auréole telle une Sainte Agathe aux seins coupés. Le parcours se clôt sur le symbolisme et l’ambiguïté des contes, revisités comme ce Hänsel et Brätsel de Frédérique Loutz qui réinterprète le conte de Grimm et le superpose à la légende populaire de l’invention du Bretzel, pain en forme de bras croisés en prière, dont l’artiste a découvert l’origine lors de son séjour à la villa Médicis à Rome. Autant de savoureux et cruels regards artistiques sur le corps, consommable et consommateur.

N’y aurait-il pas absorption, voire dévoration, dans la relation à autrui, ce semblable avec qui je partage et construis mon moi ?  Comme le souligne Claude Lévi-Strauss,: « Nous sommes tous des cannibales. Après tout, le moyen le plus simple d’identifier autrui à soi-même, c’est encore de le manger » (La Repubblica, 1993).

BARBIER_Gilles___t_te_en_emmenthal___2003

                                                Gilles BARBIER "tête en emmenthal" 2003

 La maison rouge
10, Bd de la Bastille
Du 12 février au 15 mai 2011
Du mercredi au dimanche de 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h

www.lamaisonrouge.org  

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