GENERATION OTAKU
Hiroki
AZUMA « génération otaku » - Hachette
littérature / février 2008
Best-seller
au Japon, cet essai du philosophe japonais Hiroki AZUMA a le mérite de prendre
au sérieux le phénomène 'Otaku', nom donné à ces jeunes (et parfois moins
jeunes) fans de mangas, de jeux vidéos et de dessins animés, qui ne vivent
qu'entre eux et avec comme passion exclusive ces produits culturels dont ils ne
cessent de produire et consommer les produits dérivés (figurines, fanzines,
romans tirés de dessins animés, dessins animés tirés d'un personnage de manga,
etc .). Véritables acteurs d'un phénomène en perpétuelle croissance depuis les
années 1980, qui touche une frange significative de la jeunesse japonaise, leur
'mouvement' a créé un gigantesque marché et gagne aujourd'hui toutes les
jeunesses occidentales, via le succès mondial du manga. Ce succès n'est-il pas le
signe que la culture Otaku touche à quelque chose de profond de l'évolution de
nos sociétés ? En analysant sans les juger les produits qui façonnent cette
culture, Hiroki Azuma décèle, en s'appuyant sur les apports de la philosophie
française (Lyotard, Baudrillard...), certaines des grandes caractéristiques de
la postmodernité (perte des repères, des Grands Récits, de la frontière entre
l'original et la copie, entre auteur et consommateur, création en réseau, etc.
.). Parallèlement,
il observe dans notre postmodernité les raisons profondes du succès grandissant
de cette culture Otaku.
CORPS OTAKU
Les
"otakus" sont intéressants dans leurs rapports au corps car ils
impliquent un mode de vie avec des règles, normes et modèles qui façonnent
l’apparence et leurs comportements corporelles (phénomène de « cosplay » =
ressembler à ses héros). Leur
consommation a une tournure obsessionnelle, cela est à rapprocher de ce que dit
Michel De Certeau, parlant de la consommation traditionnelle, qu'elle est une
manière de faire CORPS avec un produit. Le
corps devient imaginaire car immergé dans un univers de modèles otaku véhiculés
par Internet, les mangas, les médias et les revues. En d'autres termes, le
"otaku" tente de se réincarner dans son désir.